1972 : quel cirque !
En février, Johnny Hallyday entreprend une mini-tournée aux USA.
Début mars, Johnny se repose aux Antilles. Un reportage de ses vacances
est publié dans Paris-Match, où le chanteur estime que ses prochaines
chansons sont "très réussies et devraient beaucoup plaire au public".
Le 11 mars, il donne un concert intimiste au Golf Drouot.
Le
13, il participe à un gala pour la lutte contre l'antisémitisme à
l'Olympia, aux côtés de Michel Delpech, Michel Polnareff et Julien
Clerc. Une sorte de spectacle des "enfoirés" avant l'heure.
Le 15
paraît un nouveau single : "Comme si je devais mourir demain", une
chanson qui renoue avec la veine de "Que je t'aime", avec force violons
et choeurs. En face B, la très folk "Hello USA" servira de bande
originale pour le film de François Reichenbach, "J'ai tout donné", qui
dévoile un coin de la vie intime de Johnny. Le moyen métrage a été
tourné aux USA en janvier-février. On y voit le "clan" Hallyday, sa
femme, son fils et sa maman. "Hello USA" est aussi le premier projet
avec l'auteur-compositeur Michel Mallory, un Corse qui a déjà écrit
quelques chansons pour Sylvie Vartan. C'est le début d'une longue
collaboration qui durera près de dix ans.
On voit aussi Johnny apparaître dans un
téléfilm de Jean-Marie Périer, aux côtés d'un nouvel ami, Gilbert
Montagné, qui a triomphé l'an passé avec "The Fool". Il en sera ainsi
désormais : à chaque fois qu'un nouvel artiste cartonne, Johnny se le
met sous le coude. Une sorte de vampirisation qui lui évitera les
déconvenues commerciales qu'il avait connues après son service
militaire.
En mai, Johnny fait une brève apparition dans le film
"Malpertuis" d'Orson Welles. Il est alors déguisé en matelot. Prélude
aux galères à venir ? Le film "J'ai tout donné" est présenté hors compétition au Festival de Cannes.
En juin, le chanteur crée son propre
label, J.H. Music. Il publie le 45T de sa choriste, Nanette Workman,
débauchée l'année précédente de chez Joe Cocker. En face B, un duo
"Apprendre à vivre ensemble" amplifie les rumeurs de flirt. C'est le
début d'une année de brouille avec Sylvie Vartan.
Dans
les salles, le film "L'aventure c'est l'aventure" se taille un joli
succès populaire, confirmé depuis par ses multiples rediffusions à la
télé.
Ce
mois de
juin voit aussi démarrer une tournée d'été ambitieuse : "Johnny
Circus", probablement inspiré par le "Rock'n'Roll Circus" des Stones.
En première partie, des danseurs, des numéros de cirque, le groupe
progressif Ange, Tommy Browne en solo, son égérie Nanette Workman...
124 personnes au total, techniciens compris. Hallyday arrive
généralement en Rolls blanche ou sur sa Harley Davidson. Le show du
chanteur est largement basé sur les chansons du nouvel album qui paraît
le 28 juin : "Country Folk rock", escorté par le 45T : "Rien ne vaut
cette fille-là", qui joue dans l'esprit de "Sarah", avec le funky "Toi
tu voles l'amour" en face B. Ce 33T contient de bonnes
chansons (à
noter, l'une des très rares collaborations d'Eddy Mitchell, "Comme un
lion en hiver") et un son superbe, mais "Country Folk Rock", moins cohérent que son prédecesseur, déçoit par quelques errements regrettables.
On y retrouve
même une version en italien de "Essayez", rebaptisée pour l'occasion "E
dio creo la donna" (Et dieu créa la femme). Malgré la présence
d'excellents musiciens tels que le batteur de jazz Earl Palmer, le titre
usurpe un peu le contenu et oublie "Variétés". Johnny veut trop en
faire,
visiblement. Le public décroche et la tournée "Johnny Circus" va vite
tourner au fiasco. Certains soirs, le show a du mal à attirer plus de
150 personnes. L'échec va peser durablement sur la carrière du
chanteur, qui ne pourra plus être en mesure de financer une grande
scène pendant plusieurs années. On note par ailleurs la dernière
collaboration de Micky Jones (compositeur de "Mon amour à Marie"), qui
s'en va aux USA fonder le groupe Foreigner.
En septembre paraît
le nouveau 45T extrait de l'album : le très folk "Ma main au feu", signé Mallory. En
face B, une chanson sur la peine de mort, "Sauvez-moi", passera à peu près inaperçue mais sera le clou du spectacle "L'ange aux yeux de laser" sept ans plus tard.
En
novembre, Johnny rejoint les Olympic Studios de Londres pour mettre en
boîte de nouvelles chansons.
Le 22 paraît le 45 T "Avant", nostalgique, qui sera boudé pour sa face B : "Tu peux partir si tu le veux". Ces titres sont dévoilés à la télévision lors d'un show consacré à Jean-Marc Thibault. Hallyday les interprète en play-back, l'air absent. "Avant", joué en costume et noeud-pap', sonne curieusement comme du Claude François. L'auteur de "Comme d'habitude" triomphe il est vrai en France et porte de l'ombre au rocker. A tel point que celui-ci fait apparaître sur grand écran une cohorte de danseuses attifées comme des Clodettes pendant "Tu peux partir si tu le veux".
Pour couronner le tout, sa tante et mère adoptive Hélène Mar disparaît en décembre. Dans une émission télé diffusée en 2009 à l'occasion de la tournée d'adieu du chanteur, Michel Mallory se souvient de cette fin d'année comme difficile pour Johnny. "Il n'allait vraiment pas bien", dit-il.