1966 : noir c'est soul
En janvier 1966, le chanteur est en tournée au Canada.
Le
6 janvier paraît le 45T Le diable me pardonne. La photo de la
pochette montre Johnny recueilli devant un rideau bleu fermé. C'est un
smash hit, sitôt grimpé dans les hits-parades et sitôt oublié.
Le
23 février sort un nouveau 45T : Je l'aime, adaptation du Girl des
Beatles. Johnny tente de renouer avec la veine tendre. Mais c'est
surtout Jusqu'à minuit qui marque le virage soul. Cette adaptation
plutôt réussie du Midnight hour de Wilson Pickett contraste avec
l'orchestration grandiloquente de N'y crois pas. Il faudra désormais
s'habituer à ces grands écarts stylistiques.
Le 27 février, Johnny est de la fête organisée au Golf Drouot. Il joue en seconde partie, après Ronnie Bird et Antoine.
Durant le mois de mars, le chanteur tourne à travers la France.
En
mai est publié un nouveau 45T : Cheveux longs et idées courtes. Cette
chanson est la réplique à Antoine qui, quelques mois plus tôt,
affirmait dans ses "Elucubrations" qu'il fallait mettre Johnny en cage
à Médrano. Vraie vindicte ou coup de pub ? Le public adhèrera plutôt.
Avec 800 000 exemplaires écoulés, c'est la meilleure vente depuis Le
pénitencier (info RTL, 1993).
Le 24 mai, Johnny rencontre Bob Dylan et Michel Polnareff.
La tournée d'été sera européenne. Le chanteur s'embarque en effet pour les pays de l'Est à partir du 6 juillet : Prague, Kosice, Pielsen... Il y sera accueilli avec beaucoup d'enthousiasme : 45 000 spectateurs en Pologne et en Tchécoslovaquie succomberont à la fougue scénique de Johnny. Il poursuivra par la Grèce et enfin l'Italie .
(Paris-Match du 16 juillet 1966, montrant Johnny accueilli par les politiques en Tchécoslovaquie. On apprend dans l'article qu'il double son tour de chant habituel avec 25 chansons au lieu de 12 et qu'il s'est offert une belle casquette à Prague...)
Le
14 août, David Smet naît à Paris. Hallyday est alors en Italie. C'est à la fin de son show à Milan qu'on lui apprend sa paternité nouvelle. Il se rend aussitôt à la clinique du Belvédère à Boulogne mais repart quelques heures plus tard pour un autre concert qu'il doit donner à Venise. Au même moment, les médias font leurs
choux gras avec des tensions survenues dans le couple. Ils accusent
Johnny de préférer ses copains de virées nocturnes à son épouse.
Fin
août démarre l'enregistrement à Londres d'un nouvel album. La session
est interrompue par la demande de divorce de Sylvie Vartan. Le fisc
lui réclame aussi des arriérés d'impôts conséquents : 300 000 francs. Son appartement acheté l'année précédente est hypothéqué.
Le 10
septembre, le chanteur tente de se suicider en se coupant les veines du
poignet, après avoir essayé de sauter par la fenêtre. C'est
son secrétaire, Ticky Holgado, qui le découvre inanimé sur le sol de la
salle de bains et lui prodigue les premiers soins. Johnny Hallyday
était attendu le lendemain à la Fête de l'Humanité. Il passe la nuit à l'hôpital Lariboisière. Son nouvel impresario Jean Pons et son ami Jean-Pierre Bloch l''emmènent dès le lendemain en cure de sommeil.
Le 18
septembre paraît le 45T Noir c'est noir, adaptation du "Black is
black" de Los Bravos. La chanson a été enregistrée le 9 septembre en une seule prise,
loin des sophistications douteuses de 1965. Johnny évoque ses ennuis
privés au dos de la pochette. Il justifie ainsi la présence de
seulement deux morceaux chantés sur le disque, les deux autres
étant des instrumentaux composés par son nouvel orchestre, les
Blackburds (déformation des blackbirds, comme les Beatles, pour
beetles?). Hyde Park et surtout Promenade dans la forêt du Brabant
démontrent la technicité du groupe et son côté psychédélique. Les ventes s'envolent. Avec 1,5 million de disques écoulés, Noir c'est noir reste l'un des plus grands succès en simple de sa
carrière. On
retrouve sur la face B un morceau magnifique inspiré par la mode anglaise, La
génération perdue, écrite par Long Chris, alias Christian Blondiau, pas encore papa d'Adeline (future épouse Hallyday). Long Chris, avec qui Johnny maraudait sur le square de la Trinité à la fin des années 1950 (avec Dutronc et Mitchell), écrira par la suite plusieurs textes pour l'idole, largement influencés par le psychédélisme.
Le 18 octobre paraît l'album "La génération perdue".
Considéré à juste titre comme l'un des meilleurs albums de Johnny, le
disque regorge d'influences britanniques. Des reprises (Je veux te
graver dans ma vie, d'après Got to get you into my life des Beatles, Quand un homme perd ses rêves, adaptation du When a man loves a
woman de Percy Sledge ou encore Le jeu que tu joues, emprunté aux
Troggs) alternent avec des titres originaux (La fille à qui je pense, On s'est trompés).
Le même jour, l'album est présenté à l'occasion d'un Musicorama spécial à l'Olympia. Huit chansons extraites du disque seront interprétées. Un inconnu assure brillamment la première partie : Jimi Hendrix, avec qui Johnny chante Hey Joe, dans une version restée inédite à ce jour.
Novembre voit Johnny assurer une
tournée de promotion. Puis l'artiste s'envole vers Londres pour
de nouvelles séances d'enregistrements.
Quelques
jours avant Noël paraît le 45T Si j'étais un charpentier, une ballade
folk du barde méconnu Tim Hardin, couplé avec trois extraits de l'album.