1974 : être et ne pas avoir l'été
En janvier et février 1974, Johnny
Hallyday est à Rome. Il y prépare un nouvel album sous la direction de
Gabriel Yared (futur compositeur de musiques de films) et Claude Engel.
En mars, le chanteur tourne en Amérique du Sud.
Le 18
paraît le 45T "Prends ma vie", au son cathédralesque. En face B, "Trop
belle trop jolie" ravive un peu la flamme funk-rock.
En avril, Johnny entreprend la traversée des Etats-Unis. Du 7 au 23, il sillonne le pays en moto, sur une Kawasaki jaune.
Le
14 mai est publié le nouveau 45T "Je t'aime, je t'aime, je t'aime" pour
tenter de refaire le succès de "Que je t'aime". Le morceau dure plus de
6 minutes, ce qui refroidit les radios.
Il annonce la parution de
l'album du même nom le 29 mai. C'est un disque passablement surproduit,
lorgnant une nouvelle fois vers la variété. On peut sauver les ballades
"J'ai pleuré sur ma guitare" et "Je construis des murs autour de mes
rêves", éventuellement le funky "Danger d'amour", qui rappelle un peu "Le Feu". Mais comment ne pas hurler de honte sur "Le rock'n'roll" qui clôt le disque, fausseté hardeuse indigente jusque dans ses paroles : "Le rock'n'roll, ça déchire la nuit/ Comme un grand cri/ Ca fait du bruit/ Et ça hurle l'amour à la folie"...
Le 28 juin, Hallyday se rend dans un pénitencier en
Suisse. Un concert d'émotion devant plus de deux cents détenus. "Si je
n'avais pas eu le rock, je serais ici avec vous", confesse-t-il.
Le
1er juillet démarre la rituelle tournée d'été. A Alençon, le chanteur
reçoit une chaise en pleine figure. Revenu sur scène quelques instants
plus tard, il tombera en syncope. Cette tournée n'est pas
inoubliable. Accompagné par un groupe approximatif et avec un nouvel
album peu apprécié, le chanteur se contentera souvent de petites
salles. Surtout, le public doit parfois attendre des heures avant de le
voir : Johnny n'est visiblement pas au mieux de sa forme, apparaissant
parfois sous l'emprise de l'alcool. "Je gardais le même costume de
scène plusieurs jours durant, sans me changer la journée", avouera-t-il
plus tard.
Le 15 août, Hallyday rejoint son nouvel ami Michel
Sardou, qui triomphe en France depuis un an, pour un concert mémorable
dans les arènes de Béziers.
Le 18 septembre paraît le 45T :
"Johnny rider", qui évoque sa récente traversée des Etats-Unis. Un
morceau de facture classique, rock sans excès, qui flirte avec
l'auto-parodie. En face B, "Le Bol d'Or" insiste sur la passion de
Johnny pour la moto. Il avait en effet ouvert la compétition au
printemps en Kawasaki 900.
En octobre, le chanteur est à nouveau
dans les studios, à Paris. Outre Michel Mallory, on retrouve Philippe
Labro et le chanteur Pierre Groscolas avec qui il s'est lié d'amitié.
Le
20 novembre démarre la tournée d'automne. Elle durera jusqu'au 20
décembre. Hallyday présente les chansons de son nouvel album,
"Rock'n'Slow", qui paraît le 27 novembre. Le disque est couplé
avec le 45t "Rock'n'roll man", où le chanteur s'identifie à Elvis son
idole. L'album est de facture honnête, alternant comme son nom
l'indique des rocks et des ballades. On y retrouve des standards
adaptés (le "Honky Tonk Woman" des Stones, "Heartbreak Hotel" d'Elvis,
"C'mon Everybody" de Cochran...) et des morceaux originaux. Aux
morceaux les plus rythmés, un peu trop clinquants, on peut préférer les
chansons plus mélancoliques dont l'autobiographique "A propos de
mon père".